Références – Glossaire historique

 Dossier Laméca

1802
La rébellion en Guadeloupe

REFERENCES
GLOSSAIRE HISTORIQUE

 

Abolition de l'Esclavage
Le 4 février 1794, la Convention abolit l'esclavage dans toutes les colonies. Cette décision entérine l'abolition de l'esclavage décidée par Sonthonax à Saint-Domingue, le 29 août 1793 et l'étend à l'ensemble domaine colonial français. Cette décision n'est pas appliquée dans les colonies françaises occupées par les Anglais comme la Martinique. Les colons de la Réunion refusent son application. La mesure est proclamée le 7 juin 1794 en Guadeloupe par Victor Hugues et aussi en Guyane.

Bataillon
Un bataillon est une unité militaire forte d'un millier d'hommes. Il est dirigé par un chef de bataillon (commandant) et divisé en dix compagnies (huit de fusiliers, une de chasseurs et une de grenadiers). Chaque compagnie compte une centaine d'hommes sous la direction d'un capitaine auquel sont adjoints un lieutenant et un sous-lieutenant. Lacrosse réorganise l'armée en juin 1801 et supprime deux des huit compagnies de fusiliers. En octobre 1801, il y a trois bataillons en Guadeloupe, le 1er stationné à Basse-Terre qui continue à être appelé Bataillon de la Réunion, les 2e et 3e qui sont en garnison à Pointe-à-Pitre.

Blanc
Le terme désigne à la fois une couleur et une classe juridique avant l'abolition de l'esclavage.

Bourg
A la fin du XVIIIe siècle, en Guadeloupe, le bourg est un regroupement de maisons habitées par des artisans, des marchands, quelques fonctionnaires autour d'une place de marché, d'un embarcadère et d'une église. Les plus petits bourgs comptent à peine une cinquantaine de résidents. Les plus importants en ont plusieurs centaines. Le bourg s'oppose au quartier synonyme à l'époque de campagne.

Capitaine Général
Le 6 février 1801, Bonaparte confie la fonction de capitaine général de la Guadeloupe au contre-amiral Lacrosse. Le capitaine général est le plus haut fonctionnaire de la Guadeloupe, il a de larges compétences administratives et militaires. C'est en disposant de ces pouvoirs étendus que Lacrosse quitte la France pour la Guadeloupe, en avril 1801. Avant que la loi du 19 avril 1801 ne répartisse la direction de la Guadeloupe entre trois magistrats (un capitaine général, un préfet colonial et un commissaire de justice). Arrivé en Guadeloupe le 29 mai 1801, Lacrosse exerce avec autorité son pouvoir, jusqu'à sa destitution, le 24 octobre 1801. Réfugié en Dominique, il continue d'exercer nominalement la fonction de capitaine général. Il est rejoint en Dominique, le 24 novembre 1801, par ses collègues, Lescallier (préfet colonial) et Coster (commissaire de justice). En mars 1802, le gouvernement consulaire nomme Richepance, capitaine général. Mais celui-ci, doit rétablir Lacrosse dans ses fonctions en Guadeloupe, pour une durée d'un mois. Richepance se présente d'abord comme général en chef de l'armée de Guadeloupe, le 6 mai 1802. A partir du 14 mai 1802, Richepance porte le titre de capitaine général pour montrer aux rebelles que c'est lui et non Lacrosse qui assurera le pouvoir. Le 4 août 1802, Lacrosse, conformément aux ordres de Bonaparte, récupère pour un mois le titre de capitaine général. Il doit le porter jusqu'au 4 septembre 1802, date à laquelle il aurait du être remplacé par Richepance qui détient la réalité du pouvoir. Le 3 septembre 1802, Richepance meurt et Lacrosse reste capitaine général jusqu'au 8 mai 1803, date à laquelle, il est remplacé par Ernouf. Le capitaine général détient le pouvoir exécutif et militaire dans l'île.

Câpre
En 1802, en Guadeloupe, le câpre est l'individu dont l'un des parents est noir et l'autre mulâtre.

Caraïbe
Les Caraïbes sont la population qui occupait la Guadeloupe, avant l'arrivée des Européens. Ils ne sont plus très nombreux en Guadeloupe à la fin du 18e siècle. Quelques familles caraïbes vivent à la Pointe des Châteaux, à la Pointe de la Grande Vigie, à la Désirade et à Marie-Galante. Les Caraïbes sont généralement des pêcheurs. Ils sont recensés dans la catégorie des Rouges.

Citoyen
Au début de la Révolution, seuls les Blancs sont citoyens. Ceux qui sont les plus pauvres sont citoyens passifs et n'ont pas le droit de voter. La loi du 4 avril 1792 accorde la citoyenneté aux libres de couleur. La loi du 4 février 1794 étend la mesure aux anciens esclaves. Les nouveaux citoyens (anciens esclaves) n'exerceront jamais le droit de vote pendant la liberté générale en Guadeloupe. En effet, pendant l'administration de Victor Hugues (1794-1798), l'application de la constitution est suspendue. En avril 1799, les élections ne donnent le suffrage qu'aux gens aisés, c'est-à-dire aux Blancs et libres avant le décret. Le 17 juillet 1802, Richepance interdit aux personnes noires ou sang-mêlé de porter le titre de citoyen, c'est le retour au préjugé de couleur et à la ségrégation.

Commissaire de Gouvernement
Le commissaire de gouvernement est un fonctionnaire nommé par le ou les dirigeants (agent du Directoire, capitaine général ou conseil provisoire) de la Guadeloupe. Il est chargé de veiller à l'application des ordres de celui-ci dans sa commune d'exercice.

Course, Corsaire
La guerre de course est l'activité qui consiste en cas de conflit avec un ennemi d'autoriser des navires à s'attaquer aux navires de commerce de l'adversaire. Les différents dirigeants de la Guadeloupe autorisent les armateurs privés à équiper des bateaux corsaires à partir de 1793. Ces corsaires parviennent grâce à leurs nombreuses prises à ravitailler la Guadeloupe. Ils dynamisent l'économie des ports de Basse-Terre et de Pointe-à-Pitre. Les corsaires de Guadeloupe s'attaquent d'abord aux navires de commerce anglais, puis neutres (américains, suédois, hollandais, danois) ce qui entraîne un état de quasi guerre entre la Guadeloupe et les Etats-Unis de 1798 à 1800. Le 24 juin 1801, Lacrosse interdit la guerre de course ce qui met au chômage et mécontente environ 2.000 marins.

Émigré
Les émigrés sont des personnes, souvent royalistes, qui ont quitté la Guadeloupe pour des raisons politiques depuis 1792. Ils sont inscrits sur une liste des émigrés et leurs biens sont confisqués. Les biens des émigrés sont alors dirigés par des fonctionnaires appelés séquestres, puis mis en location à partir de 1799. Les locataires des habitations confisquées sont appelés fermiers. Ces hommes sont généralement aisés. Le 25 juin 1801, les émigrés sont autorisés à revenir en Guadeloupe. Ils reçoivent alors le produit de la location de leurs biens jusqu'à échéance du bail. Le 29 juillet 1802, la liste des émigrés est supprimée.

Garde Nationale
La garde nationale rassemble tous les citoyens capables de pouvoir s'armer et de se payer un uniforme. Elle composée des Blancs et des anciens libres de couleur. Cette unité paramilitaire se réunit régulièrement pour s'entraîner ou participer à des cérémonies officielles. Elle intervient uniquement en cas de danger pour la Guadeloupe : pour réprimer une révolte ou contenir une invasion aux côtés de l'armée.

Gouvernement Consulaire
Le 9 novembre 1799, Napoléon Bonaparte prend le pouvoir par la force. Ce général de division, ancien jacobin, réussit son coup d'état, en effectuant une alliance de circonstance avec les partisans de l'ordre et les Jacobins, dont son frère Lucien Bonaparte est un des hommes les plus influents. Napoléon Bonaparte devient Premier consul. Le gouvernement consulaire est régime personnel dictatorial qui aboutira peu à peu à la monarchie impériale en 1804.

Habitation
Une habitation est un ensemble agro-manufacturier comprenant à la fois le fonds de terre, les cultures, le bétail, les esclaves et l'ensemble des bâtiments de logement et d'exploitation. L'ensemble du bâti est regroupé au centre de l'habitation qui semble former un village dans lequel le propriétaire ou habitant règne en maître absolu. L'habitation est un monde clos, elle possède sa geôle, sa chapelle, son hôpital. Chaque habitation est spécialisée dans une production : sucre, café, coton, vivres. Le propriétaire de l'habitation est l'habitant. Pendant la liberté générale, les esclaves devenus nouveaux citoyens sont obligés de rester sur leur ancienne habitation qu'ils n'ont autorisation à quitter que s'ils s'engagent dans l'armée.

Jacobins
Les Jacobins sont une tendance politique représentée dans les différentes assemblées pendant la Révolution française (1789-1799). Ce courant politique se réunit à l'origine dans un club installé dans le couvent des Jacobins à Paris. Les Jacobins sont favorables à la République, à plus de démocratie, à plus d'égalité sociale, à une lutte sans merci contre les émigrés et les royalistes. Les Jacobins siègent à gauche dans les différentes assemblées révolutionnaires et s'opposent aux modérés qui siègent à droite. Robespierre est la figure emblématique des Jacobins. Ces derniers dirigent la France de juin 1793 à juillet 1794 et instaurent la Terreur. En avril 1794, ils envoient l'un des leurs, Victor Hugues, abolir l'esclavage en Guadeloupe. Après la mort de Robespierre, en juillet 1794, les Jacobins sont proscrits, leur club est fermé. Pourtant, certains membres des assemblées continuent à avoir des idées jacobines et sont appelés néo-jacobins. Il y a de nombreux Jacobins en Guadeloupe, car l'île est dirigée par l'un d'entre eux, Victor Hugues, de 1794 à 1798. En octobre 1799, les Jacobins dirigés par le beau-frère de Victor Hugues, le général Paris chassent de la direction de l'île le général Desfourneaux, jugé trop conservateur. La Guadeloupe est à nouveau dirigée par les Jacobins sous la direction du général Paris, d'octobre à décembre 1799. En décembre 1799, l'île est gouvernée par trois agents, dont l'un (Laveaux) est jacobin. Laveaux jugé trop proche des Noirs par ces deux collègues (Baco et Jeannet), est destitué, le 1er mars 1800. En juin 1801, peu après son arrivée, le capitaine général Lacrosse, un ancien jacobin qui a renié ses idées, déporte ses anciens amis jacobins. En octobre Lacrosse est, à son tour, chassé du pouvoir par une coalition formée de mécontents, de jacobins et de mulâtres (il est possible d'être les trois à la fois). Le fait que la rébellion à l'autorité consulaire soit en partie provoquée par des Jacobins est un des éléments qui va déterminé Bonaparte à envoyer une expédition militaire pour mater les rebelles. En effet, en métropole, Bonaparte y pourchasse les Jacobins, accusés à tort, d'être les auteurs de l'attentat de la rue Saint-Nicaise, survenu le 24 décembre 1800. Delgrès est un farouche jacobin et son combat de 1802, s'inscrit dans la lutté qui a opposé pendant toute la Révolution, les modérés aux Jacobins. Le courant jacobin est à l'origine de la gauche républicaine française.

Liberté Générale
Nom donné à la période qui va de l'application de l'abolition de l'esclavage (7 juin 1794) à son rétablissement de fait (17 juillet 1802) en Guadeloupe.

Libre de Couleur
Les libres de couleur sont une des trois classes juridiques existant en Guadeloupe avant la Révolution. Cette catégorie d'individus est formée de personnes noires ou métissées bénéficiant de la liberté, soit par la naissance (lorsque leur mère est elle même libre) ou par affranchissement. Les libres de couleur sont majoritairement des sang-mêlé, mais il y a également des nègres libres. Les libres de couleur sont victimes du préjugé de couleur, forme de ségrégation qui les écarte des postes à responsabilité et des honneurs. Ils obtiennent l'égalité juridique avec les Blancs, le 4 avril 1792. Cette mesure est pleinement appliquée en Guadeloupe à partir de la proclamation de la République en Guadeloupe en janvier 1793. Pendant la période de la liberté générale (1794-1802), les anciens libres de couleur sont appelés " libres avant le décret ". L'arrêté Richepance du 17 juillet 1802 supprime la citoyenneté pour les Noirs et les sang-mêlé. Les libres avant le décret qui peuvent prouver leur liberté par filiation, par un acte d'affranchissement, de baptême ou de mariage antérieur à 1789 sont admis à faire partie de la classe des libres de couleur.

Métis
En 1802, en Guadeloupe, le métis est individu dont l'un des parents est mulâtre et l'autre blanc ou les deux métis. Aujourd'hui, le terme désigne les personnes issues de couple mixte.

Mulâtre
En 1802, en Guadeloupe, le mulâtre est un individu dont l'un des parents est blanc et l'autre noir ou les deux mulâtres. Le terme de mulâtre est employé souvent improprement par les contemporains qui l'assimilent à libre de couleur. En effet, la grande majorité des libres de couleur sont mulâtres, mais il existe aussi de nombreux esclaves mulâtres.
Le terme n'est pratiquement plus usité aujourd'hui et est remplacé par métis.

Municipalité
Elles sont créées à la fin de 1790 en Guadeloupe. Leur territoire correspond aux anciennes paroisses à quelques exceptions près. La municipalité de Basse-Terre comprend les paroisses de Notre-Dame du Mont-Carmel (entre la Rivière aux Herbes et la Rivière de Grande Anse), de Saint-François (entre la Rivière des Pères et la Rivière aux Herbes) et de Saint-Pierre du Par cet de Matouba (entre la Rivière Saint-Louis et la Rivière Noire). La paroisse Saint-Pierre et Saint-Paul est divisée en deux communes : les Abymes et Pointe-à-Pitre. Chaque municipalité est dirigée par une administration municipale de quelques membres nommés par le ou les dirigeants (agent du Directoire, capitaine général ou conseil provisoire) de la Guadeloupe. L'administration municipale s'occupe de la justice de proximité et veille au bon ordre dans la commune.

Noir
Pendant la liberté générale, le terme de noir remplace celui de nègre, peut être en référence à la Société des Amis des Noirs qui a longtemps milité en faveur de l'abolition de l'esclavage. Les Noirs sont tous ceux qui n'ont que des ascendants africains. La catégorie des Noirs dans les recensement regroupent les anciens nègres libres et les esclaves nègres.

Préfet Colonial
La loi du 19 avril 1801 répartit la direction de la Guadeloupe entre trois magistrats (un capitaine général, un préfet colonial et un commissaire de justice). Le préfet colonial dirige l'administration de l'île et détermine les règlements qui lui sont applicables.

Rebelles
Lacrosse désigne par rebelles les personnes qui ont provoqué son renvoi. Bien qu'ils se défendent d'être des rebelles, Pélage et ses compagnons sont considérés comme tels par le gouvernement consulaire. Ce terme n'ayant plus aujourd'hui, la connotation péjorative qu'il avait à l'époque, il sera utiliser pour désigner les opposants à Lacrosse et à Richepance.

Recensement
Pendant la période de liberté générale (entre l'abolition de l'esclavage en juin 1794 et son rétablissement de fait en 1802), plusieurs recensements de la population sont effectués. La population compte alors un peu plus de 100.000 habitants : 9% sont blancs, 13% sont rouges et 78% sont noirs. Les recensements ne comptabilisent pas les militaires.

Rétablissement de l'esclavage
La question du rétablissement de l'esclavage secoue les assemblées révolutionnaires à partir de la mort de Robespierre en juillet 1794. Une partie du personnel politique est favorable au rétablissement de l'esclavage. La plupart des Jacobins sont opposés au retour de l'esclavage, mais les partisans de l'esclavage deviennent de plus en plus influent pendant le gouvernement consulaire. Napoléon Bonaparte se prononce sur la question, le 22 novembre 1801. Il affirme que là où l'abolition de l'esclavage a été appliquée (Saint-Domingue, Guadeloupe, Guyane), la liberté générale sera maintenue et là, où l'esclavage a été maintenu (Martinique, Réunion), il sera conservé. Le 20 mai 1802, une loi entérine cette vision dualiste du système colonial. Apprenant la capture de Toussaint Louverture et la répression de l'insurrection de la Guadeloupe, Bonaparte décide de rétablir l'esclavage dans l'ensemble des colonies françaises, le 16 juillet 1802. Cet arrêté consulaire est promulgué en Guadeloupe, le 14 mai 1803, par le capitaine général Ernouf qui succède à Lacrosse. Pourtant, en Guadeloupe, les colons et les autorités n'attendent pas la proclamation officielle du rétablissement de l'esclavage pour recommencer à vendre des individus, dès le mois de juillet 1802.

Rouge
Après l'abolition de l'esclavage en 1794, les anciennes classes juridiques (Blancs, libres de couleur, esclaves) disparaissent et tous les individus deviennent citoyens. Pourtant, lors des différents recensements effectués de 1795 à 1803, la population est divisée en trois catégorie (Blancs, Rouges, Noirs). Le terme de rouge qualifie les Caraïbes, les métissés ou sang-mêlé (câpre, mulâtre, métis…). Ce groupe comprend à la fois des libres de couleur et des anciens esclaves à partir du moment où ils sont métissés.

 

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SOMMAIRE

HISTOIRE
21 octobre 1801, les hommes de couleur prennent le pouvoir en Guadeloupe
6 mai 1802, le Général Richepance arrive en Guadeloupe pour y rétablir l'ordre
Baimbridge et Fouillole dans la tourmente révolutionnaire de 1802
Matouba, 28 mai 1802
L'agitation politique en Guadeloupe entre 1794 et 1802
Chronologie

PERSONNAGES
Le combat de Delgrès
Le combat de Richepance
Biographies des principaux protagonistes

ETAT DES LIEUX
Les communes de Guadeloupe
L'agriculture en Guadeloupe en 1799
La population de Guadeloupe en 1796
La politique coloniale de la France à l'époque révolutionnaire

REFERENCES
Textes historiques
Glossaire historique
Textes littéraires
Illustrations audio-vidéo
Bibliographie

crédits

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par Frédéric Régent

© Médiathèque Caraïbe / Conseil Départemental de la Guadeloupe, mai 2002 - mai 2022