Histoire – Matouba, 28 mai 1802

 Dossier Laméca

1802
La rébellion en Guadeloupe

HISTOIRE
MATOUBA, 28 MAI 1802

 

Nous avons fait le choix de nous focaliser sur les stratégies et les combats mis en œuvre dans cette seule journée du 28 mai 1802 au Matouba, point d’orgue de cette Guerre de la Guadeloupe déclenchée dix huit jours plus tôt, le 10 mai.

Nous avons pour cela longuement parcouru les témoignages contenus dans les différents Rapports des vainqueurs: Richepance, Gobert et Ménard auxquels il faut ajouter ceux contenus dans le Mémoire de Magloire Pélage. Deux historiens, Lacour et Boyer-Peyreleau nous ont aussi fourni de précieuses analyses. Deux cartes représentant l’une les différentes habitations concernées par ces combats du Matouba, l’autre les stratégies des deux camps, permettent de bien cerner les sites où les affrontements ont été les plus meurtriers.

Le recoupement de tous ces témoignages nous ont conduit à définir successivement la nature du conflit, les forces en présence, les étapes de l’offensive vers d’Anglemont et, enfin, la phase de répression intense durant laquelle le sort réservé à l’abondance des cadavres fait débat entre Richepance et ses généraux.

 Le 10 mai 1802, le Commandant de la Place de la Basse-Terre, Louis Delgrès, fait tirer sur les navires transportant les troupes consulaires dès leur apparition au large du Sud Basse-Terre. A bord, le général Richepance dont le plan initial était de soumettre les troupes à Basse-Terre après l’avoir fait la veille à Pointe à Pitre. Sauf que ce plan a été contrarié par des vents contraires qui ont interdit à ses navires de quitter la passe du port de Pointe à Pitre avant ce fameux 10 mai.

Or, entretemps certains officiers de couleur comme Ignace et Codou, à la tête de plus d’une centaine de soldats, ont choisi de ne pas se soumettre aux injonctions de Richepance à son arrivée à Pointe à Pitre. Leur fuite vers Basse-Terre a pour but d’engager la lutte en résistant sous les ordres de Louis Delgrès qu’ils parviennent à convaincre de basculer dans la rébellion à l’autorité légitime. Ce dernier justifie cette option dans sa Proclamation affichée dans les rues de la ville et intitulée: “A l’Univers entier, Le dernier cri de l’innocence et du désespoir”.

Les deux principaux protagonistes de cette guerre se retrouvent donc face à face en ce 28 mai. Delgrès ne fait pas mystère de sa détermination à lutter jusqu’au bout pour faire triompher la cause qu’il a désormais épousée, celle de la Liberté. Deux de ses expressions corroborent cet idéal :

… Il existe des hommes qui ne veulent voir d’hommes noirs, ou tirant leur origine de cette couleur, que dans les fers de l’esclavage.

Mais surtout, dans son tout dernier message, en date du 15 mai, il expose la seule alternative qui soit à ses yeux dans ce contexte de guerre :

La paix paraîtra de suite par l’embarquement des troupes qui sont maintenant à alimenter la guerre civile en ces florissantes contrées. Ou plutôt, elles régneront sur les cendres et sous les ronces dégoutantes de notre sang.

Richepance lui, affiche la même détermination lorsqu’il précise :

Que quelques agitateurs à la Guadeloupe ne croient  pas prolonger plus longtemps dans ce petit coin de la République ces mouvements convulsifs du corps politique ; ils ne peuvent plus servir qu'à faire anéantir à l'instant ceux que cela pourrait amuser.

Tous ceux qui se rendront coupables des torts que je dénonce ici, peuvent  s'attendre aux punitions les plus exemplaires. L'armée a été chargée de combattre ; elle l'est donc de vaincre : ce sera encore à elle à punir ou à pardonner.

 

Le Matouba

Le 28 mai, Delgrès est un homme acculé du fait de l’échec de sa stratégie. Il avait fait le choix de se replier sur le Matouba afin d’attendre les renforts qu’Ignace devait lui ramener de son périple en Grande Terre. Mais l’épopée d’Ignace s’est arrêtée deux jours plus tôt dans la Redoute de Baimbridge où il trouve la mort au milieu de 675 de ses recrues. Dès lors Delgrès n’a d’autre choix que d’accepter l’affrontement qui se profile pour lui dans les pires conditions.

Dès sa sortie du Fort, dans la nuit du 22 au 23 mai, il décide de se réfugier au Matouba, réputé inexpugnable. Ainsi, dans les Archives de la guerre, un Rapport du 12 octobre 1792 évoque la topographie de la Guadeloupe dans une perspective d’intervention militaire. Un extrait :

… La montagne de la Soufrière forme le noyau de cette isle dont le centre est inaccessible. Des montagnes entourent ce centre et s’abaissent insensiblement jusques à la mer. Dans le quartier de la Basse-Terre, ces hauteurs boisées se prolongent jusqu’au Fort qui défend le bourg et la plage et cette crête de sommités partage l’île en deux parties… Au point le plus escarpé, une seule batterie défendue par 200 hommes en interdirait les approches.

Si l’on faisait la descente au Baillif et aux quartiers voisins de la Basse-Terre, on se rendrait maîtres du bourg et du Fort peu spacieux, mais les troupes et les habitants se réfugieraient dans un lieu vaste nommé Le Parc, entouré d’escarpements et qu’on ne saurait forcer. (S.H.A.T. B9-1)

Le général Richepance en est d’ailleurs conscient lorsqu’il affirme ceci dans sa lettre du 9 prairial, an X :

Les journées des 6 et 7 furent employées à rallier les troupes et à faire des reconnaissances sur le Parc et le Matouba, belle retraite des insurgés et où les dispositions qu’ils avaient ajoutées aux grandes défenses de la nature paraissaient bien les rendre absolument maîtres de refuser un combat désavantageux et de se répandre à volonté, par des irruptions soudaines, dans toutes les parties de la Basse-Terre. Il fallut donc encore augmenter d’efforts en tout genre.

L’historien Lacour expose parfaitement l’enjeu pour les forces en présence. Il précise que :

Delgrès avait choisi le Matouba comme dernier boulevard de la rébellion”. Il y avait autour de lui comme deux corps de troupe bien distincts: l’un se battant en soldat, décidé à périr ou à obliger Richepance à se rembarquer, après l’avoir vaincu; l’autre, moins solide au combat contre des hommes armés, lâchant pied, mais ardent au pillage, à l’incendie et à l’assassinat…

Delgrès, enfermé au Matouba comme dans un fort, croyait être à l’abri des coups de l’ennemi et attendait avec confiance le moment où, par l’effet de la propagande d’Ignace sur les populations de la Grande Terre, Richepance étant obligé de diviser ses forces pour aller au secours de cette partie de la colonie, l’armée des insurgés pourrait reprendre l’offensive dans les environs de la Basse Terre. Delgrès comptait aussi sur un autre auxiliaire, la maladie !

Mais Richepance, dès qu’il eut connaissance de la ruine d’Ignace et de son parti, fit des dispositions pour enlever aux rebelles le seul asile qu’il leur restât. Le 28 mai fut le jour fixé pour donner à la révolte le dernier assaut… (Lacour, T.3, p. 320 et 328)

Le Mémoire de Magloire Pélage rédigé pour défendre sa cause après sa déportation en France, n’est pas dépourvu d’intérêt à ce propos :

On se rappellera qu’après l’évacuation du Fort Saint Charles, Delgrès, comptant sur une puissante diversion de la part d’Ignace, s’était retiré au Matouba. Là, il attendait que les succès de ce même Ignace lui permissent de reprendre l’offensive. Il s’était retranché sur l’habitation d’Anglemont: aux superbes défenses de la nature, il avait ajouté celles de l’art. Kirwan, Dauphin, Jacquet, officiers braves et intelligents, commandaient sous ses ordres.

Relisons cet extrait du Rapport de Richepance, du 9 prairial an X, à propos de d’Anglemont :

… L’ennemi avait donc ses avant-postes en avant de l’Habitation Guichard, au sommet de l’angle formé par la Rivière-Noire et la Rivière des Pères dont les rives sont à pic et à plus de 50 pieds de profondeur, leur masse se trouvant placée à la vaste habitation d’Anglemont, toujours défendue par les rivières et fortifiée de parapets armés de palissades et de canons, une attaque de front fut bientôt regardée comme impossible même à tenter; il fallut se décider à diviser nos forces et à tâcher de mettre un ensemble qui nous empêchât d’avoir à combattre séparément. (C7 A 56, f° 61)

Pélage qui a l’avantage de mieux connaître le terrain, confirme l’analyse du général en chef au sujet de d’Anglemont:

Cette position était pour eux des plus avantageuses. Ils s’y trouvaient maîtres de refuser le combat à des forces supérieures et de se répandre à volonté, par des irruptions soudaines dans toutes les parties de la Basse-Terre. Ils établissaient avec Ignace, par les bois et le sommet des campagnes, une correspondance prompte et facile pour des nègres accoutumés à franchir tous ces obstacles.

Le général Richepance conçut le projet hardi de les forcer dans cette retraite imposante… Le 8 prairial, avant le jour, il mit ses troupes en marche sur deux colonnes. Pendant que l’une gagnait les hauteurs qui dominent l’habitation d’Anglemont, afin de couper aux insurgés le chemin des bois, l’autre attaqua et prit successivement tous leurs avant-postes, non sans éprouver la plus vive résistance.

Bientôt Delgrès fut resserré à d’Anglemont, sans espoir de s’échapper. Mais ce dernier refuge des insurgés semblait inexpugnable. Il fallait, pour y arriver, passer deux ravines dont les bords s’élevaient à pic, à plus de cinquante pieds. Il fallait gravir des mornes, escalader des parapets garnis d’artillerie. Il fallait combattre sans cesse des hommes qui, n’ayant plus d’autre alternative que la victoire ou la mort, déployaient pour se défendre, tous les efforts de la rage. Que ne peut l’intrépidité du soldat français ! Tous ces obstacles furent surmontés: on arriva au pied des retranchements. (Mémoire de Pélage, T. 1, p. 295)

Richepance ne dit pas autre chose concernant l’ardeur au combat des insurgés, mais aussi de ses soldats :

L’ennemi déterminé que nous avions battu jusqu’alors avec tant de peine allait employer les dernières ressources qu’il trouvait très puissantes dans sa rage et son désespoir. Les soldats français en acquirent d’aussi fortes dans le désir de soutenir leur réputation et de prouver qu’on ne leur résiste pas quand ils sont chargés de punir et de soumettre des révoltés.

 

Les combats

Concernant la nature des combats, les  Rapports les plus précis sont ceux de deux des acteurs des faits que sont le général Richepance, le général Gobert et le général Ménard et le récit qu’en fait, après coup, l’historien Lacour. Dans leurs différents récits, nous avons une description détaillée des affrontements au fil des heures de cette journée du 28 mai.

Tout d’abord, relisons le général Richepance qui rend compte des faits à son Ministre le 9 prairial an X :

Le 8 au matin, le deuxième bataillon de la 66e, commandé par le chef Cambriel, partit de Legret et, par des chemins qu’il se traça dans d’horribles précipices, il franchit les Mornes Houël, Colin, l’Habitation Lassale d’où il chassa l’ennemi et parvint, en les poursuivant, au Presbytère. Le troisième Bataillon de la 66e monta par le morne Louis, rencontra bientôt l’ennemi, le repoussa devant lui, gravit avec une ardeur au-delà de toute expression le Morne Fifi-Massieux défendu par de l’artillerie qu’il renversa…

Le chef de bataillon Lacroix traversa la rivière des Pères et parvint par une longue suite d’obstacles vaincus à la position du Presbytère, toujours en repoussant l’ennemi vers son centre à D’Anglemont… Nous fûmes bien assurés que les postes de Guichard et les troupes d’Anglemont ne pouvaient éviter d’en venir aux mains avec les deux bataillons de la 66e réunis sur les hauteurs du Presbytère.

Après un moment de relâche, ces deux Bataillons, à l’envi l’un de l’autre, marchèrent en colonne sur d’Anglemont. Ils bravèrent pendant un quart d’heure une pluie de balles et de boulets sans pouvoir y répondre. Rien ne les arrêta. Et déjà plusieurs avaient le pied dans les retranchements lorsque les ennemis, poussés à bout, se sauvèrent dans l’habitation, mirent le feu à leur poudre et se firent sauter au nombre de 300, parmi lesquels était Delgrès.

Ce spectacle fut épouvantable; il y eut un moment de stupéfaction de part et d’autre, mais bientôt nous pensâmes à mettre à profit le désordre qu’occasionne toujours un pareil événement, et la journée se termina par la destruction entière de tous les ennemis échappés à l’explosion…

Cette dernière affaire a détruit la révolte dans sa source; les chefs sont morts, tout le reste est désarmé, soumis et retourné au travail qu’il n’aurait pas dû quitter… (C7 A 56, f° 61)

L’historien Lacour qui a eu connaissance des divers rapports en fait une enrichissante synthèse :

Richepance arrêta de pénétrer au Matouba en forçant simultanément les deux passages qui y donnent accès:

Le chef de Bataillon Cambriels, à la tête du 2e bataillon de la 66e demi-brigade avec quelques troupes indigènes, eut pour mission de partir sur l’habitation l’Espérance, de gravir le Morne Houël et le Morne Colin, d’arriver au passage de la Rivière Noire, de le franchir et de se porter sur l’habitation Lassale, après avoir renversé tous les obstacles qui lui seraient opposés.

Le chef de bataillon Irénée Delacroix, ayant sous ses ordres le 3e bataillon de la 66e, auquel on avait également adjoint quelques compagnies de troupes indigènes, eut pour instruction de partir de l’habitation le Grand Marigot, de franchir la Rivière Saint Louis, à la prise d’eau, d’enlever le Morne Fifi Massieux et de se porter sur l’habitation Limonon.

Les deux troupes arrivées à Lassale et à Limonon devaient marcher sur le presbytère… devant triompher seule des obstacles qu’elle rencontrerait sur sa route, traversant des lieux affreux sans aucun sentier frayé.

Le 28, avant le jour, les deux colonnes se mirent en mouvement. Delacroix arriva au pied du Morne Fifi Massieux et engagea un combat très vif avec Sans Peur… Dans ce moment, déboucha Cambriels qui, après avoir chassé les nègres rencontrés, marchait sur Lassale. Il détache une compagnie et l’envoie faire une diversion en faveur de Delacroix blessé. Cette compagnie, attaquant Sans Peur par derrière, cause de l’hésitation dans le rang des troupes noires… Delacroix ne laisse pas échapper la circonstance, marche à la tête de ses soldats. Les nègres sont culbutés à la baïonette et la position emportée…

Delgrès, de son côté, apprenant que Cambriels s’avançait, avait levé son camp de d’Anglemont et marchait à sa rencontre. Les deux troupes se heurtèrent sur l’habitation Lassale et engagèrent une vive fusillade. Delgrès fut blessé près du genou… Les Français, ennuyés de la fusillade, foncèrent à la baïonette, culbutèrent les nègres et les poursuivirent jusqu’au Presbytère. Là, Cambriels fit faire halte pour attendre la colonne Delacroix…

Le chef de bataillon Delacroix ne tarda pas à faire sa jonction avec Cambriels. Bloqué d’un côté par nos troupes au Presbytère et ne pouvant effectuer sa retraite par le Constantin dont le passage est gardé par le capitaine Crabé, Delgrès se trouva enfermé et comme prisonnier à d’Anglemont… Il semblait nourrir une idée fixe: c’était de se faire sauter aussitôt qu’il serait acculé dans ses derniers retranchements… A son arrivée au Matouba, il avait fait miner la belle et vaste maison de l’habitation d’Anglemont.

Battu à Lassale, blessé, toute retraite lui étant fermée, il était rentré avec la résolution de sortir de la scène par un noble suicide et en précipitant dans sa ruine le plus de Français possible. Il annonça son dessein à ses officiers, les laissant libres de se retirer ou de mourir avec lui. Il voulut aussi qu’on prévint les soldats, afin que ceux qui voudraient survivre à la cause qu’ils avaient défendue puissent s’éloigner…

Delacroix et Cambriels, après quelques instants de repos accordés à leurs bataillons, les avait remis en mouvement pour enlever d’Anglemont. Les soldats de Delgrès, déterminés à mourir, se battirent avec désespoir et rage. Mais nos vieilles troupes, après l’échange de quelques coups de fusils, se ruèrent à la baïonnette sur les nègres. Rien ne les arrête. Elles culbutent, poussent devant elles tout ce qui leur est opposé… Une épouvantable explosion se fait entendre et l’on voit voler en éclats la maison d’Anglemont ! Delgrès périssait avec 300 des siens. Les avant postes des deux colonnes furent tués… Très peu parmi les révoltés purent gagner les bois. Ceux qui avaient échappé à l’explosion furent tués ou faits prisonniers, Delacroix et Cambriels mettant à profit le désordre occasionné pour achever la destruction des révoltés.

Afin d’éviter les répétitions, nous ne retiendrons du Rapport Ménard que l’épilogue concernant le sacrifice de d’Anglemont :

… Une explosion terrible laisse apercevoir une des plus affreuses scènes que le génie de la guerre peut produire. D’Anglemont venait de sauter. Ses décombres dispersés deviennent un vaste bûcher dont les flammes dévorent plus de 500 cadavres, parmi lesquels on distingue des femmes et des enfants… Cet acte d’un épouvantable courage termina la guerre en détruisant à la fois et comme d’un seul coup les chefs de la révolte, leurs soldats d’élite et le reste de leurs munitions. (C7 A 57, f° 21)

Vous aurez noté que, si Richepance et Lacour évoquent 300 morts à d’Anglemont, Ménard lui, avance le chiffre de 500 rebelles tués. Boyer-Peyreleau fait lui état de 400 morts dont une trentaine d’éclaireurs français entrés dans l’habitation au moment où elle sauta. S’il faut additionner les divers affrontements du matin, particulièrement meurtriers, notamment au Fer à cheval, ce sont à notre avis l’équivalent de 800 combattants tués au Matouba ce 28 mai. Par ailleurs, Richepance fait état de 300 blessés et d’environ 100 tués dans les effectifs de l’armée dans ce qu’il qualifie des “affaires de la Basse-Terre”. Qu’en est-il des corps des soldats du Corps expéditionnaire ? Un bilan plutôt conséquent eu égard à l’objectif qui nous réunit, celui de localiser d’éventuels charniers.

 

La repression

Nos investigations ne doivent pas s’arrêter à l’explosion de Danglemont. En effet, Richepance met en scène ses actes de répression, estimant que faire fusiller les insurgés n’avait pas suffisamment valeur d’exemple. Ce qu’il souhaite c’est punir pour impressionner et à la fois dissuader. Il prend, en ce sens, un arrêté, le 2 juin 1802, dans lequel il établit des degrés divers de châtiments: Pour ce qui nous intéresse, l’article 2 de cet arrêté précise :

Ceux convaincus d’avoir été chefs de rebellion, ainsi que ceux qui ont provoqué ou exécuté l’incendie des habitations, ou d’avoir commis quelque assassinat, seront condamnés à la peine de mort qui aura lieu par le supplice de la potence”. (Lacour, t.3, p. 334)

Ce même 2 juin, il adresse au général Gobert cet arrêté accompagné d’une lettre explicative dans laquelle il précise ceci :

Les rebelles condamnés à mort seront pendus à une potence qui devra être dressée sur la Batterie Républicaine (Celle-ci est située en bord de mer à Basse-Terre). Après être restés exposés pendant 24 heures sur ce lieu, leurs cadavres le seront définitivement sur une seconde potence dressée sur le Morne Constantin.

Ordre auquel Gobert refusa d’obtempérer en prétextant des exhalaisons.

Autrement dit, si cet ordre avait été exécuté à la lettre, le spectacle de ces cadavres se desséchant au Morne Constantin serait un moyen d’intimidation. Mais il faudrait alors transporter ces cadavres sur 5 kilomètres par des chemins non tracés, ce qui posait en sus un problème de salubrité lié aux exhalaisons de corps en putréfaction. Cet arrêté ne fut donc pas exécuté et l’on procéda aux inhumations des corps. Selon Lacour, “on exigeait que les fosses fussent profondes et que les cadavres fussent recouverts de chaux”.

Le rapport du général Ménard reste néanmoins le plus fiable, à nos yeux, sur la Guerre de la Guadeloupe en 1802. Aux 500 morts dans l’explosion de d’Anglemont, s’ajoutent tous les autres lors des combats du matin du 28 mai qu’il évoque entre le Fer à cheval, le Saut d’eau et les habitations situés à l’interfluve de la Rivière Saint Louis et de la Rivière Noire. Les Habitations Fifi Massieux, Veuve Thierry, Mégy, Petit Parc, Trébour et Barbat situées tout autour du Morne d’Anglemont ont fait, selon Ménard, l’objet de violents affrontements entre les troupes consulaires et les rebelles.

 

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SOMMAIRE

HISTOIRE
21 octobre 1801, les hommes de couleur prennent le pouvoir en Guadeloupe
6 mai 1802, le Général Richepance arrive en Guadeloupe pour y rétablir l'ordre
Baimbridge et Fouillole dans la tourmente révolutionnaire de 1802
Matouba, 28 mai 1802
L'agitation politique en Guadeloupe entre 1794 et 1802
Chronologie

PERSONNAGES
Le combat de Delgrès
Le combat de Richepance
Biographies des principaux protagonistes

ETAT DES LIEUX
Les communes de Guadeloupe
L'agriculture en Guadeloupe en 1799
La population de Guadeloupe en 1796
La politique coloniale de la France à l'époque révolutionnaire

REFERENCES
Textes historiques
Glossaire historique
Textes littéraires
Illustrations audio-vidéo
Bibliographie

crédits

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par René Bélénus

© Médiathèque Caraïbe / Conseil Départemental de la Guadeloupe, juin 2022