Dossier Laméca

Départementalisation
La Guadeloupe de 1946

INTRODUCTION : LA GUADELOUPE DE 1946

 

Près d’un siècle après le décret du 27 avril 1848 abolissant l’esclavage dans les colonies françaises, la République consent, après maintes réticences, à octroyer aux « quatre vieilles colonies » le statut de Départements d’Outre Mer (D.O.M.). Elle fait ainsi aboutir un rêve séculaire des élus de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique et de la Réunion qui n’ont eu de cesse de manifester leur attachement à la Mère-Patrie, multipliant les gages d’amour pour tenter de la convaincre de leur volonté d’appartenir à la grande famille française, de lui être assimilée.

Car c’est bien sur fond d’assimilation à la métropole que se déroulent les débats aboutissant au vote, à l’unanimité de l’Assemblée Constituante, de la loi du 19 mars 1946. Si cette requête des élus est aussi persistante, c’est parce que ces territoires qui ont célébré en grandes pompes en 1935 le Tricentenaire de la présence française, gardent très largement les stigmates de l’ère esclavagiste.

C’est précisément ce que révèlent les documents évoqués dans ce présent dossier Laméca consacré à la Guadeloupe de 1946. Une société qui, dans ses grandes lignes, reproduit les schémas d’avant 1848 :

  • une caste de privilégiés descendant en ligne directe des familles de la ploutocratie sucrière d’Ancien Régime, détenant les rênes du pouvoir économique mais aussi, peu ou prou, du pouvoir politique.
  • Une masse de descendants d’esclaves qui n’a guère vu s’améliorer sa condition sociale depuis les affranchissements de 1848, victime d’une exploitation qui la confine dans un quotidien synonyme de misère et de précarité.

Entre les deux, une classe moyenne intermédiaire qui a tiré profit des bienfaits de l’éducation et accédé à la notabilité. C’est de cette petite bourgeoisie locale que sont issus les nouvelles générations de politiciens dont le souci est de sortir l’île de son sous-développement chronique. D’où l’idée de dresser un panorama des composantes de cette nouvelle classe politique qui a pris le pari de miser sur le statut de nouveau Département pour parvenir à ses fins.

Mais, la Guadeloupe de 1946 c’est aussi la fin annoncée d’un système colonial dont il n’est pas négligeable de dresser un bilan. C’est ce que fait avec minutie et perspicacité le dernier des Gouverneurs au moment où la transition s’opère avec l’apparition de Préfets dont on ignore encore l’étendue des pouvoirs. Là se situe aussi, en tout état de cause, l’un des enjeux majeurs de l’ère de la Départementalisation octroyée dans les textes en 1946 mais, paradoxalement, portée sur les fonds baptismaux dans un contexte d’incompréhension. Car au bel optimisme et aux rêves des élus s’oppose le réalisme d’une Administration qui n’avait alors ni les moyens ni le désir de répondre aux aspirations profondes de ces derniers. Un quiproquo lourd de conséquences pour l’avenir de cette île...

 

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SOMMAIRE

La Guadeloupe de 1946 - introduction
La Loi de départementalisation du 19 mars 1946

LE CONTEXTE
Les Antillais en 1946
Population et Santé publique (tableaux)
Économie (tableaux)
L'économie de la Guadeloupe analysée par son dernier gouverneur
La presse écrite et les débuts de la radio

LA GUADELOUPE POLITIQUE 
Les maires de la Guadeloupe en 1945 et 1947
La Guadeloupe et la représentation nationale en 1946
Le Conseil Général en 1946
"Ce que signifie l'assimilation"

LES HOMMES 
Joseph Pitat, l'homme fort du nouveau département
Paul Valentino et la loi d'assimilation

LES DISCOURS
Aimé Césaire
Gaston Monnerville
Paul Valentino
Raymond Vergès

Illustrations audio-vidéo
Bibliographie

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par René Bélénus

© Médiathèque Caraïbe / Conseil Départemental de la Guadeloupe, mars 2006 - décembre 2021