Dossier Laméca

Aspects de la littérature de jeunesse dans la Caraïbe francophone

4. … POUR COMPRENDRE HIER …

 

L’esclavage

Ce pan de l’histoire est largement examiné.

A la place des jardins caraïbes s’étend maintenant de vastes plantations de cannes à sucre, où des hommes robustes à la peau noire, à demi-nus travaillent sous la vigilante surveillance d’un homme blanc armé d’un fouet (p. 7).

Ainsi s’ouvre Cétout et Misérine, Nègres Marrons : Révolte sur l’habitation Riche plaine  (Association Calladium, 1975), un album qui inaugure la période historique de l’esclavage.

La volonté pédagogique apparaît très nettement chez les auteurs et les éditeurs.
Par exemple dans Grand’mère, çà commence où la Route de l’Esclave ? de Dany Bébel-Gisler (Jasor, 1998), le récit fictionnel est en vis à vis avec des éléments graphiques et textuels documentaires

Plus récemment, Christiane Taubira-Delannon apporte sa contribution avec une riche réflexion :

II ne s’agit pas de se morfondre ni se mortifier, déclare-t-elle, mais d’apprendre à respecter l’histoire des peuples forgée dans la souffrance. D’appréhender les pulsions de vie qui ont permis à ces millions de personnes réduites à l’état de bêtes de somme de combattre ou simplement de survivre.
(Christiane Taubira-Delannon, L’esclavage racontée à ma fille, Bibliophane-Daniel Radford, 2002)

 

Les luttes pour la liberté

La littérature de jeunesse illustre également la résistance à la servitude.

En 1800, en pleine guerre civile, les relations se tendent, se durcissent.  De réclamations en reproches, on court à l’affrontement. Toussaint entame le concert. ‘Citoyen Agent, donnez-moi l’autorisation de prendre possession de la partie espagnole de l’Ile, que la Cour de Madrid a cédée à la République pa le traité de Bâle, en 1795. Vous le savez, non seulement les Espagnols ont maintenu l’esclavage chez eux, mais ils ont aussi organisé le commerce des Noirs sur la frontière de la colonie française. C’est une infamie ! Il faut la faire cesser ! »
(Pierre Pluchon, Toussaint Louverture : fils noir de la révolution française, Ecole des loisirs, 1989)

Solitude de Gladys Estève et Raphaël Vaillant (Editions Marthe Magrou, 2000) et Tanbou de Piotr Barsony et Edmony Krater (Seuil, 2000) exploitent la même thématique.

Les fabuleuses aventures d’Equiano

Une exposition illustrant les moments forts de la vie d’Olaudah Equiano, esclave originaire de la Barbade, est présentée au Salon du livre de la Guadeloupe en 1998.  Son auteur Jean-Jacques Vayssières, à la demande de l’éditeur jamaïcain Ian Randle, va reprendre textes et illustrations pour en faire un album en co-édition avec les éditions Jasor (Guadeloupe) et les éditions Ganndal (Guinée).

Il faut souligner l’originalité de cet album : il retrace les mémoires d’un esclave et constitue un des rares exemples de co-édition afro- caribéenne.

 

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SOMMAIRE
1. Emergence d’une littérature. Des thèmes et des traits récurrents
2. Reflets d'enfance
3. Instruire …

4. … pour comprendre hier …
5. ... et pour vivre aujourd'hui
6. L'eau, un motif obsédant
7. Une nature omniprésente
8. La grand-mère, pont par delà les mers
9. Le conte entre tradition et modernité
10. Mots d'enfance
11. L'affirmation d'une littérature

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par Nicole Brissac

© Médiathèque Caraïbe / Conseil Départemental de la Guadeloupe, mars 2007-décembre 2024