Dossier Laméca

Jacqueline Rosemain une musicologue antillaise

PREAMBULE

 

Marie Josette Jacqueline Rosemain est née le 12 septembre 1930 à Fort de France et est décédée le 31 décembre 1993 à Goult (Vaucluse). Elle était lauréate de l’école supérieure municipale de Paris (1950), et lauréate du conservatoire national de région de Versailles, section musicologie (1971). Elle s’est consacrée à l’étude de la musique des Antilles françaises à partir de 1975.

En tant que chercheuse, elle a laissé une trace dans la musicologie antillaise à travers trois ouvrages dont le premier, Musique dans la société antillaise 1635-1902 Martinique Guadeloupe (1) (ci-après MDSA), écrit en 1986, a connu un écho important. Premier travail musicologique de ce type écrit aux Antilles françaises, et il est pour l’instant le seul, à envisager l’intégralité des musiques des sociétés coloniales guadeloupéennes et martiniquaises entre 1635 et 1902. Malgré les critiques portées à ce premier ouvrage (voir infra) une chose apparaît néanmoins clairement, elle reste une pionnière dans le projet qu’elle avait d’une histoire globale et il importe de prolonger sa démarche novatrice. Mais très isolée dans le domaine qu’elle abordait, elle a dû affronter des conditions peu propices à l’enrichissement du champ de recherches qu’elle avait contribué à ouvrir. De fait dans le domaine de l’histoire de la musique des Antilles françaises aux XVIIème, XVIIIème et XIXème siècles on chercherait en vain aujourd’hui d’autres ouvrages que le sien. Elle n’a pas suscité de continuateurs.

Son principal ouvrage, MDSA, comporte des erreurs importantes tant sur le plan factuel que méthodologique. Il serait réducteur cependant de souligner les défauts de ce travail en en attribuant la responsabilité à son auteur seul. Tout ouvrage de recherche, même s’il est porté par un seul individu (2) est en fait la résultante d’un environnement. Dans un autre environnement que celui de la Guadeloupe et de la Martinique d’alors, qui se caractérisait par l’absence quasi-totale de recherche universitaire et la rareté de la bibliographie (3) dans le domaine abordé, il va de soi que Jacqueline Rosemain aurait pu poursuivre et diffuser une recherche de qualité, tant par les sources abordées que par les problématiques envisagées. Ce dossier a vocation à rectifier les jugements sévères qui furent portés à son encontre afin de montrer la réalité de son travail de chercheur. Il s’agit donc tout à la fois de lui rendre justice, et par là contribuer à esquisser une histoire des représentations, et d’alimenter cette histoire par la communication de ses documents de recherche.

Pour mieux faire ressortir l’importance des archives conservées à Laméca je m’attacherai tout d’abord à reprendre les différentes critiques qui ont été faites sur son travail. Je présenterai ensuite en détail un dossier extrait de ces archives, la chemise « Théâtre », qui témoigne de son activité de recherche. Je replacerai enfin ses ouvrages dans un panorama plus large, celui de la musicologie antillaise pour mieux cerner l’originalité et l’apport de Jacqueline Rosemain.

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(1) Rosemain, Jacqueline, La musique dans la société antillaise 1635-1902, Martinique Guadeloupe, Paris, L’Harmattan, 1986.

(2) C’est une donnée qui vaut surtout pour les sciences humaines. En sciences en général un article, par exemple, est cosigné par de nombreuses personnes, pour ne rien dire de la recherche qui en physique ou en médecine est quasiment systématiquement en équipe.

(3) Gage Averill parle à ce sujet d’une région quasi totalement ignorée par les musicologues ou ethnomusicologues. Voir plus bas sa critique de l’ouvrage de 1986 dans la revue Ethnomusicology.

 

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SOMMAIRE
Préambule
A. Le contexte du travail de Jacqueline Rosemain autour de Musique dans la société antillaise 1635-1902
B. Les productions
C. Réception du travail de Jacqueline Rosemain
D. Les Archives Rosemain à Laméca. Les données sur l’histoire des spectacles en Guadeloupe et Martinique au XIXème siècle
E. Une musicologue antillaise Jacqueline Rosemain. Musicologie et question nationale aux Antilles de colonisation française
F. En guise de conclusion
Annexes

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par Dr Bernard Camier

© Médiathèque Caraïbe / Conseil Départemental de la Guadeloupe, septembre 2024