Dossier Laméca

Les quadrilles de la Caraïbe

1. LES ANTÉCÉDENTS EUROPÉENS

 

Le cotillon et la contredanse française

Selon Jean Michel Guilcher, chercheur spécialiste de l'histoire de la danse française, le quadrille qu'on dansait dans toute l'Europe vers 1840-1850, s’était formé en France par étapes successives quelques cinquante ans auparavant, autrement-dit au tournant du 1çème siècle. Ce quadrille tire ses origines d’une autre danse, la contredanse française qui est elle-même dérivée du cotillon, à la mode en France au tout début du 18ème siècle, vers 1706. Ce cotillon était une danse de parcours réalisée par quatre danseurs ainsi disposés: deux dames se font face, à la droite de l'une et à la gauche de l'autre se tiennent leurs cavaliers respectifs qui sont donc eux-aussi en vis-à-vis. Au cours des décennies suivantes le cotillon évolue au contact de danses différentes et donne naissance à une contredanse qu'on dira 'de type cotillon' ou contredanse à la française, chorégraphiée pour huit danseurs (quatre couples) disposés en carré. Après 1760 cette nouvelle contredanse devient la grande mode dans les salons français élégants. Le principe de base de toutes les contredanses est le suivant: huit danseurs (quatre couples) forment un carré imaginaire et regardent tous vers le milieu de ce carré. La danse les fera évoluer sur les bords et à l’intérieur de ce carré en effectuant un parcours précis, ou figure, conçu en accord avec la musique.

Pendant la seconde moitié du 18ème siècle, la plupart des déplacements-types sont bien connus. Il y a par exemple l'avant-deux, le cavalier seul, la chaîne anglaise, la chaîne de côté, le moulinet, etc. Ils sont agencés différemment pour chaque contredanse et effectués sur des pas marchés, sautés ou glissés selon les périodes. Le choix des pas et l'agencement des parcours sont l'apanage des créateurs (compositeurs et chorégraphes) de contredanses.

 

Le longway (ou quadrille à l'anglaise)

Selon les dictionnaires de musique ce sont des danses populaires anglaises appelées country dances et qu'un nombre non spécifié de couples exécutent en formant des figures diverses qui ont contribué à l'émergence de la contredanse française. Chorégraphiées selon trois formes principales, le carré, la ronde et la double colonne, la country dance est arrivée à la cour de Louis XIV dans les années 1680 et a immédiatement séduit. Plus précisément, ce sont les country dances en double colonne ou longways qui ont influencé la façon de danser le cotillon et provoqué l'apparition de la contredanse à la Française. Bien qu'il soit plus ancien que la contredanse française, le longway a été beaucoup dansé en Europe en même temps que la contredanse et le quadrille français. On l'a également dansé dans la région Caraïbe pendant la période esclavagiste.

Comme les contredanses, les longways sont des danses de parcours pour lesquels les danseurs effectuent ensemble ou chacun son tour, les mêmes gestes et parcours. Contrairement à la contredanse, cependant, la chorégraphie des longways n'est pas limitée par la disposition en carré. Ils se dansent avec autant de couples qu'il peut s'en former dans la salle de bal ce qui, au dix-neuvième siècle, pouvait aller jusqu'à vingt. Plusieurs longways à la mode ont été introduits dans les colonies au fil du temps. Dans certaines îles, sous l'influence du quadrille français, ils ont parfois été agglomérés en suite.

 

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SOMMAIRE
Définition
1. Les antécédents européens : cotillon, contredanse française et longway anglais

2. Le quadrille dans les sociétés coloniales des Antilles
3. Appropriation, créolisation, re-création
4 a. Le quadrille aujourd'hui : Cuba

4 b. Le quadrille aujourd'hui : Haïti
4 c. Le quadrille aujourd'hui : Sainte-Croix et Saint-Thomas
4 d. Le quadrille aujourd'hui : Guadeloupe
4 e. Le quadrille aujourd'hui : Dominique
4 f. Le quadrille aujourd'hui : Martinique
4 g. Le quadrille aujourd'hui : Sainte-Lucie
4 h. Le quadrille aujourd'hui : Carriacou
En guise de conclusion
Illustrations musicales
Bibliographie

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par Dr Dominique Cyrille

© Médiathèque Caraïbe / Conseil Départemental de la Guadeloupe, 2018