4 b. Le quadrille aujourd’hui : Haïti

Dossier Laméca

Les quadrilles de la Caraïbe

4 b. LE QUADRILLE AUJOURD'HUI : HAÏTI

 

La mode du quadrille n'a pas touché tous les pays de la Caraïbe de façon uniforme. Haïti offre à ce propos un exemple particulier. Les contredanses y sont arrivées bien avant la Révolution française de 1789 et sont donc demeurées des danses séparées, comme le sont la valse et la biguine. Le quadrille français n'a pas pu s'imposer en Haïti à cause de l'état d'insurrection prolongée et de la guerre contre une majorité de pays européens qui a occupé toute la première moitié du 19ème siècle. Aujourd'hui c'est donc la contredanse française qui se danse encore sous la tonnelle, en marge de cérémonies liées à la religion vodou pendant la semaine sainte, ou comme à Jacmel, la semaine qui précède le carnaval. Quand elle est exécutée en marge d'une cérémonie religieuse vodou, la contredanse est une affaire relativement sérieuse qui exige une certaine retenue dans le maintien. Au milieu du 20ème siècle, la contredanse haïtienne a été intégrée au répertoire des danses de spectacle. Enseignée dans les écoles de danse comme par exemple celle de Viviane Gauthier, cette contredanse se distingue de la forme traditionnelle par les gestes et attitudes des danseurs.

Ensemble de percussions pour l’accompagnement de la contredanse chez Mme Viviane Gauthier à Pétionville (Haïti) en 2004.
© Dr Dominique Cyrille

Lien vers une fiche multimédia sur la contredanse à Bois de Lance (Haïti) :
www.ipimh.org/fiche-contredanse-bois-lance-29.html

Comme toutes les contredanses à la française, la contredanse haïtienne est exécutée par huit danseurs (quatre couples) disposés sur les bords d'un carré et tournés vers son centre. Qu'elle soit de scène ou purement traditionnelle, un commandeur guide toujours leurs évolutions. Ses injonctions ressemblent parfois étonnamment à celles du commandeur de Haute-Taille de la Martinique : A vos places, Saluez, Re-saluez, Saluez les dames, Premiers 2 avancez, Croisez les 8, etc., mais d'autres fois ils s'en distinguent parce qu'ils sont typiques du lieu ou du commandeur: Lougarou volé, Ba twèl anlè, ba twèl atè... Ce commandeur peut être soit le violoneux soit le tanbouyé.

Ici les danseurs exécutent une chaîne des dames sur un tempo très vif.

 

À l'opposé, le couple qui évolue sur cet extrait, danse un avant-deux sur tempo modéré.

L'ensemble instrumental qui joue la contredanse haïtienne est de dimensions variables. Il est composé en moyenne d'un instrument mélodique (flûte ou accordéon chromatique) et de quatre tambours parmi lesquels un tanboubass ou viélon (petit tambour sur cadre circulaire muni de cymbalettes), un boula (petit membranophone dont la caisse cylindrique est de bois creusé), un tambour à deux membranes appelé timba, et un grand tambour manman traditionnel. Une sonnaille complète l'ensemble, fabriquée à partir d'une planche à clous et de plaques de métal.

Tanboubass d'un orchestre de contredanse à Pétionville (Haïti) en 2004.
© Dr Dominique Cyrille

 

Tanboubass d'un orchestre de contredanse à Pétionville (Haïti) en 2004.
© Dr Dominique Cyrille

 

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SOMMAIRE
Définition
1. Les antécédents européens : cotillon, contredanse française et longway anglais

2. Le quadrille dans les sociétés coloniales des Antilles
3. Appropriation, créolisation, re-création
4 a. Le quadrille aujourd'hui : Cuba

4 b. Le quadrille aujourd'hui : Haïti
4 c. Le quadrille aujourd'hui : Sainte-Croix et Saint-Thomas
4 d. Le quadrille aujourd'hui : Guadeloupe
4 e. Le quadrille aujourd'hui : Dominique
4 f. Le quadrille aujourd'hui : Martinique
4 g. Le quadrille aujourd'hui : Sainte-Lucie
4 h. Le quadrille aujourd'hui : Carriacou
En guise de conclusion
Illustrations musicales
Bibliographie

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par Dr Dominique Cyrille

© Médiathèque Caraïbe / Conseil Départemental de la Guadeloupe, 2018