Les évènements de mars 1967 à Basse-Terre

Dossier Laméca

 

 

LES ÉVÉNEMENTS DE MARS À BASSE-TERRE

C'est dans ce contexte qu'un incident raciste caractérisé survient. Il est à l'origine des violentes émeutes qui éclatent dans la ville de Basse-Terre, une semaine plus tard.

Le matin du Lundi 20 mars 1967, vers 9 heures, dans la principale rue commerçante du chef-lieu, devant le magasin de chaussure "Le Sans-Pareil", le propriétaire du magasin, M. SNRSKY, agresse avec son chien un humble cordonnier, M. BALZINC, qu'il veut chasser de sa devanture en accompagnant son geste d'insultes racistes et d'un cynique "Dis bonjour au nègre". Les passants s'indignent et se rassemblent, la police intervient. SNRSKY ferme le magasin, mais réfugié à l'étage, continue de son balcon d'invectiver la foule qui maintenant se chiffre à plusieurs centaines de personnes à l'heure de la sortie du travail. Vers midi, les portes du magasin sont forcées, le magasin est saccagé, les cartons de chaussures sont éparpillés et l'argent du tiroir-caisse déchiré par la foule en colère, tandis que des groupes s'organisent pour faire la chasse à SNRSKY qui s'est enfui par les toits.

La foule qui emplit la rue renverse les deux voitures du raciste pour y mettre le feu. Le sous-préfet MAILLARD, arrivé sur les lieux comprend qu'il ne peut plus s'opposer au déchaînement de colère justifiée de la population et pour éviter un incendie en pleine ville, oriente l'action de la foule vers le port où la Mercédès est portée et jetée à la mer. Cela ne suffit pas : le feu est mis au magasin. Les gens affluent des communes avoisinantes, de Pointe-à-Pitre. Toute la soirée, les jeunes des quartiers populaires de Basse-Terre tiennent la rue sans que la police puisse véritablement endiguer le mouvement. Des Blancs sont interpellés et bousculés.

Le sous-préfet Maillard tentant de canaliser la foule devant la voiture de Snrsky.
in "Mé 67"

Au matin du mardi 21, l'agitation reprend de plus belle : la quincaillerie MASTON, à l'entrée du bas du bourg est prise d'assaut, des armes sont distribuées ; des coups de feu sont tirés contre les charges de CRS qui veulent dégager les rues. La ville s'embrase et, autour du cours Nolivos, les affrontements reprennent de plus belle toute la journée du mardi jusqu'au soir : volée de galets et coups de feu sporadiques contre gaz lacrymogènes entrecoupés de quelques tentatives de négociations au cours desquels les manifestants font valoir leur exigences : Que justice soit fait et SNRSKY châtié, réembauche des employés du magasin, "du travail pour les jeunes"...

L'appel au calme du préfet BOLOTTE n'a que peu d'effets immédiats.

Le retour au calme ne s'opère que progressivement, au cours de la troisième journée du mercredi 22 après l'intervention publique de Gerty ARCHIMÈDE, appelée par le Préfet pour apaiser les esprits.

 

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par Dr Jean-Pierre Sainton

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