Gabriel “Gaby” Moustache (2017) 1/3

Interview audio Laméca

Gabriel "Gaby" Moustache (2017) 1/3

Propos recueillis par Alex E. Petro et Gustav Michaux-Vignes (Laméca) le 14 décembre 2017 au domicile de Gaby Moustache (Baie-Mahault, Guadeloupe).
Durée : 2h03

L'entretien couvre la période qui va de l'enfance à Port-Louis jusqu'au séjour à Paris (mars 1952 - décembre 1957).

1ère interview (sur trois) de Gaby Moustache.
La 2ème interview de Gaby Moustache (enregistrée le 18 décembre 2018) est à écouter ici :
www.lameca.org/interviews-audio/gaby-moustache-2017-2
Et la 3ème (enregistrée le 8 janvier 2018), ici :
www.lameca.org/publications-numeriques/interviews-audio/gaby-moustache-2018-3

Gaby Moustache (à gauche) à son domicile et Alex E. Petro (Baie-Mahault, 14 décembre 2017).
© Médiathèque Caraïbe

Cette interview en 3 parties  a été réalisée par Laméca dans le cadre d’un hommage à Gaby Moustache proposé par l’association Kabwa et la Médiathèque de Port-Louis (en partenariat avec Laméca), le 21 avril 2018 à la Médiathèque de Port-Louis.
Le diaporama son et images de l'hommage à Gaby Moustache est visible à Laméca et à la Médiathèque de Port-Louis.

Une interview du programme de collecte de la mémoire orale des musiques en Guadeloupe (fonds Palé pou sonjé), mené par Laméca depuis 2005.
Après traitement, les interviews de ce programme sont disponibles pour une écoute sur place à l'espace musique & cinéma de Laméca. Certaines sont mises en ligne sur ce site, partiellement ou dans leur intégralité.

 

A propos de Gabriel "Gaby" Moustache

Gaby Moustache est un percussionniste et mélomane guadeloupéen. Il naît en 1935 dans la section de Souffleur à Port-Louis (Guadeloupe). Très tôt, il manifeste un goût prononcé pour la musique que l'on peut entendre à Port-Louis dans les années 1940. Les biguines, valses créoles et autres paseos vénézuéliens que jouent le Henri's Band, l'orchestre à cordes de son père Henri, multi-instrumentiste (guitare, mandole, mandoline). Le répertoire de Nouveau-Né, l'orchestre légendaire de Port-Louis dirigé par son cousin Maurice Maréchaux. Ou encore les disques 78 tours de musiques les plus variées que celui-ci, lui aussi mélomane passionné, écoute sur son phonographe.

La maison familiale aujourd’hui, au 2 rue Charles de Gaulle (Souffleur, Port-Louis), bâtie avant 1928.
© Médiathèque Caraïbe

Le jeune Gaby est singulièrement attiré par la musique de tambours que joue son voisin le coiffeur Doctrové Reine et qu'il perçoit très bien depuis la maison familiale proche de quelques 200 mètres. Échappant brièvement à la vigilance de sa mère, il ne peut s’empêcher d'assister secrètement à ce qui s'appelle alors gwo-tanbou, où tambours, chant, danse sont intimement associés ! Ou aussi, mais plus librement, la musique des tambours tapou hindous, quand il accompagne sa tante aux cérémonies indo-guadeloupéennes de la section Rodrigue à Port-Louis.

C'est probablement à ce temps de l'enfance en musique à Souffleur, que remonte un gout pour la percussion et les musiques aux tambours qui jusqu'à ce jour ne sera jamais démenti.

Gaby Moustache devant l'entrée de l'espace musique "Chano Pozo" de Laméca, le 5 avril 2018, à l'occasion de l'Atelier musique consacré au percussionniste cubain Chano Pozo (1915-1948) animé par Alex E. Petro.
© Médiathèque Caraïbe

Fraîchement arrivé à Paris en 1952, le mélomane se découvre une nouvelle passion, les musiques cubaines mais aussi la danse associée à ces musiques. Gaby observe et devient très vite un redoutable danseur de cha cha cha qui fait le show dans les dancings et salles de concerts de la capitale.

Il retourne au pays en décembre 1957 et devient très vite le danseur en vedette de l'orchestre Caribbean Jazz de Robert Sarkis. Son répertoire comprend en effet de nombreux tubes de musiques cubaines que le groupe interprète avec panache. Serge Christophe, le père de la percussion cubaine en Guadeloupe s'y illustre avec brio aux congas.

Et c'est donc par le détour de la danse que Gaby devient musicien. En 1959, Fred Fanfant est entrain de monter un nouvel orchestre, le Fairness Junior. Il cherche un percussionniste. Intimement convaincu qu'on ne peut être un aussi bon danseur et ne pas connaitre les rythmes, il convainc Gaby de passer derrière la paire de congas ! Le percussionniste est né et les bongos rejoignent très vite les congas.

Henri Moustache le père de Gaby (haut gauche), Tropic Fusion (haut droite), Guadeloupe Percussions (bas gauche), Gaby dans Caribbean Jazz (milieu), Gaby au Festival de jazz de Pointe-à-Pitre (bas droite).
Montage effectué à partir des archives photos de Gaby Moustache.

Jusqu'à ce jour, il ne cessera jamais de jouer de ces percussions afro-cubaines et cela dans des contextes et styles musicaux les plus variés :
Musiques populaires avec l'orchestre Fairness Junior 1 et 2 de Fred Fanfant, l'orchestre Caribbean Jazz de Robert Sarkis (avec Alain Jean-Marie...), l'orchestre de Emilien Antile, l'orchestre de l'haïtien Louis Denis, le groupe de Gaby Siarras...
Musiques aux tambours avec Dolor (avec Serge Christophe), l'orchestre de tambours Salsa, Guy Conquet (avec Baguy, Michel Halley, Charly Chomereau-Lamotte...)...
Musiques progressives avec Guadeloupe Percussions de Charly Chomereau-Lamotte (avec Yves Thole, Michel Halley, Enide Jasmin, Michel Thétis, Fred “Junior” Desplan...), Fabiano Orchestra (avec Vélo...)...
Jazz créole avec Tropic Fusion, le groupe qu'il monte avec Edouard Benoit à la fin des années 1980 et pour lequel il s'essaiera efficacement à la composition.

L'album "Couleur Caraïbe" de Tropic Fusion, sorti en 1992 (recto-verso du livret).
CD disponible à Laméca.

Aujourd'hui, Gaby Moustache joue (entre autres) dans l'orchestre à cordes Quatuor Sud, dirigé par son ami le guitariste Lucien Lise.

De gauche à droite :
Alain Jean-Marie, Gaby Moustache et Robert Sarkis, lors de l'hommage à Gaby (21 avril 2018, Médiathèque de Port-Louis).
© Alex E. Petro

 

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