C. Réception du travail de Jacqueline Rosemain

Dossier Laméca

Jacqueline Rosemain une musicologue antillaise

C. RECEPTION DU TRAVAIL DE JACQUELINE ROSEMAIN

 

Cette réception ne concerne que MDSA. L’ouvrage sera, par ailleurs, très largement diffusé et figurera en bonne place dans de très nombreuses bibliographie d’ouvrages historiques. Le site de recherche universitaire worldcat.org signale la présence de l’ouvrage de Jacqueline Rosemain dans 97 bibliothèques dans le monde, qui, outre les Antilles et la France, sont situées principalement aux Etats-Unis et au Canada mais également en Europe (Allemagne, Suisse, Royaume Uni, Italie et Suède).

Il est commenté dans deux revues internationales, signe tangible de l’attente qu’il a suscité. Voici un résumé du contenu de ces deux mentions.

 

a. Averill, Gage in Ethnomusicology, vol. 33, n°1 (Winter 89), pp. 153-156

Après avoir salué la parution de l’ouvrage dans un domaine où les Antilles françaises ont été presque entièrement occultées, Averill souligne les points forts de l’étude de Jacqueline Rosemain :

  • la démonstration convaincante du lien entre culture musicale, classe, couleur et contexte historique.
  • les aperçus éclairants sur le rôle de critique sociale des chants dans les luttes politiques, antireligieuse ou antiesclavagiste.

Mais il pointe également les faiblesses importantes :

  • le manque d’analyse des partitions produites et une analyse des facteurs sociaux ayant influencé les styles musicaux.
  • les lacunes concernant les cultures africaines et l’absence de distinction spécifique des îles entre elles.

Enfin il formule des critiques sur la forme de l’ouvrage :

  • la difficulté à lire les partitions
  • le non-respect des critères en vigueur s’agissant d’un ouvrage de recherche comme l’absence de bibliographie véritable ou d’index.

   

b. Guilbault, Jocelyne, in Latin American Music review, 1988 (Autumn), vol. 9 n°2, pp. 272-274

Guilbault souligne la nouveauté du premier ouvrage historique portant sur près de 300 ans de musique en Guadeloupe et Martinique, et formule la thèse centrale de l’ouvrage : les relations entre musique et pouvoir. Et elle indique les points marquants de l’ouvrage :

  •  la publication de données ethnographiques inconnues
  • la description complète de certaines manifestations sociales comme les défilés militaires
  • l’analyse convaincante de la musique comme force sociale.

Mais elle note également une faiblesse déjà signalée par Averill concernant les analyses musicales confuses, mais aussi les analyses historiques insuffisamment étayée comme celle de la biguine.

Malgré ces critiques Guilbault rappelle le jugement initial favorable qui fait de l’ouvrage, selon elle, une référence indispensable à tout étudiant de la musique de la Caraïbe, permettant de comprendre les relations entre musique et pouvoir dans les Antilles françaises. 

 

On note que les deux ouvrages suivants ne bénéficieront pas de la même réception, et ne donneront pas lieu à des critiques repérables dans la littérature scientifique. Leur diffusion dans le circuit institutionnel est moindre, de 97 bibliothèques pour MDSA, on passe à 75 pour La Danse aux Antilles et à 45 pour Jazz et biguine.        

Enfin on remarquera que ces deux recensions de l’ouvrage de Jacqueline Rosemain ont paru dans des revues américaines d’ethnomusicologie. Ces deux points sont importants et ils seront analysés plus bas (voir Musicologie et question nationale).

 

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SOMMAIRE
Préambule
A. Le contexte du travail de Jacqueline Rosemain autour de Musique dans la société antillaise 1635-1902
B. Les productions
C. Réception du travail de Jacqueline Rosemain

D. Les Archives Rosemain à Laméca. Les données sur l’histoire des spectacles en Guadeloupe et Martinique au XIXème siècle
E. Une musicologue antillaise Jacqueline Rosemain. Musicologie et question nationale aux Antilles de colonisation française
F. En guise de conclusion
Annexes

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par Dr Bernard Camier

© Médiathèque Caraïbe / Conseil Départemental de la Guadeloupe, septembre 2024