Dossier Laméca
Jacqueline Rosemain une musicologue antillaise
A. LE CONTEXTE DU TRAVAIL DE JACQUELINE ROSEMAIN AUTOUR DE MUSIQUE DANS LA SOCIETE ANTILLAISE 1635-1902
La situation qui prévalait encore dans les années 1970-80, époque du premier ouvrage de Jacqueline Rosemain, a radicalement changé dans les décennies suivantes. A partir de la base de données bibliographique de référence pour la recherche, worldcat.org, on peut faire le tableau suivant, avec les mots clés « musique » et « Guadeloupe » ou « Martinique » :
On le voit ces données parlent d’elles-mêmes. Il s’est écrit en moins de quarante ans dix fois plus d’articles, d’ouvrages et de thèses qu’en près de 90 ans avant 1986. Cela correspond à une évolution générale, celle d’une réappropriation de la culture antillaise aux Antilles même, car l’essentiel de cette production est antillaise (voir infra « Musicologie et construction nationale »).
On a donc à l’époque de l’écriture de MDSA un paysage bibliographique très aride. Toutefois il y a des absences dans la liste des auteurs cité par Jacqueline Rosemain et certains, selon moi, auraient dû être pris en compte. Il est possible de faire un bref survol de quelques oublis importants :
-musicologie et ethnomusicologie antillaise (Guadeloupe, Martinique et Haïti) : Victor Coridun, Maurice Nicolas, Anca Bertrand, Jocelyn Gabali, Emmanuel Caseus Paul et Alfred Métraux (dont l’ouvrage sur le vodou comporte une part d’étude d’organologie) sont cités mais pas Marie-Céline Lafontaine (1).
-musicologie américaine : Elsie Clews Parsons et Lynne Emery sont présentes mais pas Harold Courlander (2) et Dena Epstein (3).
-musicologie africaine : Hugo Zemp et Francis Bebey sont cités mais pas Kwabena Nketia (4).
Tous ces auteurs étaient déjà à son époque des auteurs reconnus ayant produit des travaux de références. Leur absence est-elle l’indice d’une difficulté matérielle dans le cas spécifique de Jacqueline Rosemain ? Rappelons que nous sommes en 1986 dans une époque sans internet, sans base de données informatisée et sans autre moyen de s’approprier une source que de la consulter directement ou de la photocopier. C’est d’ailleurs sous cette forme que se trouvent nombre de sources de Jacqueline Rosemain dans ses archives. Dans ces conditions il ne faut pas mésestimer le facteur géographique qui imposait à tout chercheur d’histoire coloniale résidant aux Antilles de nombreux et coûteux voyages pour consulter les archives d’Outre-Mer situées à Paris à cette époque (et depuis 1986 à Aix en Provence).
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(1) Lafontaine, Marie-Céline, « Musique et société aux Antilles » in Présence Africaine, n°121-122, 1982, pp. 72-108 et « Le carnaval de l’« Autre » » in Les Temps Modernes, n°441-442, 1983, pp. 2126-2173.
(2) Courlander, Harold, The Drum and the Hoe, Berkeley, Univ. of California Press, 1960.
(3) Epstein, Dena, Sinful Tunes and Spirituals, Chicago, University of Illinois Press, 1977.
(4) Nketia, Kwabena, The Music of Africa, New-York, Norton, 1974.
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SOMMAIRE
Préambule
A. Le contexte du travail de Jacqueline Rosemain autour de Musique dans la société antillaise 1635-1902
B. Les productions
C. Réception du travail de Jacqueline Rosemain
D. Les Archives Rosemain à Laméca. Les données sur l’histoire des spectacles en Guadeloupe et Martinique au XIXème siècle
E. Une musicologue antillaise Jacqueline Rosemain. Musicologie et question nationale aux Antilles de colonisation française
F. En guise de conclusion
Annexes
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par Dr Bernard Camier
© Médiathèque Caraïbe / Conseil Départemental de la Guadeloupe, septembre 2024